prochaine expo du 8 au 24 novembre 2019

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Petit texte qui accompagnera l’expo :

Né en 1955 à la frontière belge, près de Lille. J’ai suivi des études d’arts plastiques  de l’autre côté de la frontière, à Tournai (institut St Luc).

Les mots sont souvent inadaptés pour parler de ma peinture. Tout au moins au sujet du contenu. Seule la méthode peut être évoquée. C’est celle d’un chemin parcouru, pratiqué au départ presque au hasard d’une direction, d’une couleur, d’une forme, d’un geste posé qui vont ensuite être travaillés pour être organisés en un tout satisfaisant correspondant, en cet instant, à ce qui convient comme expression abstraite d’un indicible.

De façon plus archaïque, primitive, la peinture, la sculpture, c’est l’exercice d’un rapport purement plastique à la matière, comme l’utilisation d’un dialecte particulier, dont la grammaire et la syntaxe non écrites, sont malléables et interprétables de façon permanente.

Pas de propos  politique, pas de plaidoyer, pas de signifié, pas de concept. Ce qui m’intéresse c’est la représentation mentale,  de la forme et du signe, de son acoustique.

Certains poèmes ne sont exaltants que si on ne cherche pas à les comprendre, mais à les éprouver. Leur musique suffit à évoquer des sensations, des sentiments, des émotions

C’est l’œil porté, l’écoute, le regard et la respiration qui comptent. C’est exprimer une sensibilité, approcher cette réalité indescriptible. Ce n’est pas l’esprit mais le cœur qui est convoqué, la compassion, la connivence, la complicité, l’affectif.

C’est la touche posée qui jubile, qui donne la plénitude de l’instant, du moment. Le geste qui rassure et transporte, dans un univers transcendé, des notes qui évoquent l’émotion, dans un instant singulier.

Lorsque je commence un tableau, je ne sais pas où il va m’emmener. À partir de la première touche posée, en découle une deuxième, puis les suivantes qui viennent dialoguer avec les précédentes. C’est un voyage dont je ne connais pas le parcours, une promenade déambulée, j’en connais encore moins l’arrivée, le moment où je dirai stop, c’est fini pour celui-là.

Faire un tableau, c’est approcher des petits instants de vie dans une intimité singulière qui parfois, me donne à voir  l’universel.

C’est cet « à-peu-près essentiel » que je vous invite à partager.

Tout est nourriture pour l’artiste s’il emmagasine l’éprouvé et le restitue sincèrement.

Bernard DUTILLEUL

 

et puis encore…

 

Ce rapport à la peinture s’apparente au rapport à la nature

C’est le rapport du poète avec le feuillage, la souche, le vent. Il n’est pas besoin de connaitre l’essence pour comprendre ou pour aimer le frémissement des feuilles, les verts sombres ou brillants, le reflet dans la rivière.

Cette nature qui nous envahit, nous complète dans un rapport existentiel infini, comme le prolongement de nous-même, comme cette mère nourricière intégrale et universelle.

Nous sommes tous ses enfants. Elle est notre origine et notre avenir. Dure souvent, méchante parfois, mais aussi gentille, impressionnante, douce et rugueuse, elle nous excite tant le corps que l’esprit. Ses blessures nous font mal, ses fastes nous ravissent, sa magie nous emporte.

Tout est tactile avec elle, on touche ses odeurs, on respire  sa brise, on résiste à la tempête, on a peur de sa colère, on s’endort dans sa prairie.

Le  contemplateur,  assis en face de l’arbre, s’y verra sublimé, transcendé, dans une relation quasi spirituelle.