A ceux qui viennent à ma rencontre.
Je suis dans une situation paradoxale, car je souhaite exposer, ma vision d’une réalité indicible. C’est le prétexte de ma peinture, sa raison d’être. Le langage simple de la parole ne suffit pas à raconter ce qu’il en est.
C’est pourquoi il faudra voir.
Lire plusCe que j’explore, c’est le mystère de la relation des couleurs entre elles, des masses, des formes, des ombres et des clairs. Je vais voir ce qui se passe dans la transaction, dans l’arrangement, à l’image de l’engagement des gens entre eux. La perception du groupe n’est jamais loin.
Tenter de restituer l’abstraction des sentiments et émotions dans ce qu’ils ont d’ineffables m’engage.
La peinture, la sculpture c’est aussi, de façon plus archaïque, l’exercice d’un rapport purement plastique à la matière, comme l’utilisation d’un dialecte particulier.
C’est l’œil porté, l’écoute, le regard et la respiration qui comptent, la poésie dégagée, parfois en marge, parfois au centre.
C’est aussi le pas de côté, le décalage, l’attirance ou le drame qui, comme la violence des situations ou des actions, révèle cette partie des humains, non ordinaire, qui donne à comprendre.
L’art, comme je le comprends, c’est une sensibilité à ces relationnels-là. Ce n’est pas l’esprit mais le cœur, la compassion, la connivence, la complicité.
Dans ce que nous empoignons dans la vie, quoi qu’on fasse, la manière compte.
C’est la touche posée qui jubile, qui donne, peut-être à tort, la plénitude de l’instant, du moment. Le geste qui rassure ou transporte, dans un univers transcendé, des notes qui évoquent l’émotion, dans un instant singulier, interprété ou non.
Les émotions parlent aux émotions dans un langage, dont la grammaire et la syntaxe non écrites, sont malléables et interprétables. C’est de l’à-peu-près essentiel.
Tout est nourriture pour l’artiste s’il emmagasine l’éprouvé et le restitue sincèrement.
Bernard DUTILLEUL
To those who come to me.
I am in a paradoxical situation because I want to demonstrate my vision of an unspeakable truth. This is the meaning of my paintings, their raison d'être. Speech alone is not enough to explain this.
That's why it's necessary to see.
I was born in 1955 on the Belgian border near Lille. I studied visual arts on the other side of the border, in Tournai (St Luc Institute).
What I explore is the mysterious relationship between colours, masses, shapes, shadow and light. I want to see what happens in the transaction, in the arrangement, just like commitment between people. The group perception is never too far away.
Trying to restore the abstraction of feelings and emotions in their ineffability is what drives me.
Painting and sculpting are also, in a more archaic manner, the exercise of a purely plastic relation to matter, like the use of a particular dialect.
It is the observation, the listening, the contemplation and the breathing that count, the poetry, sometimes on the fringe, sometimes in the centre.
It is also the sidestep, the shift, the attraction or the drama which, like the violence of situations or actions, reveals a part of humanity, out of the ordinary, allowing us to understand.
Art, as I understand it, is a sensitivity to these relationships. It is not the mind but the heart, the compassion, the connivance, the complicity.
Whatever we take, seize, from life, the manner in which we do so, matters.
It is the stroke that exults, which gives, perhaps wrongfully, a moment of plenitude. The gestures that reassure or transport, in a transcended universe, notes that convey emotion, in a singular moment, interpreted or not.
Emotions speak to emotions in a language in which the unwritten grammar and syntax are malleable and interpretable. This essential approximation.
Everything is food for the artist's soul if he inhabits emotions, experiences and channels them with sincerity.
Bernard DUTILLEUL
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